La consommation d’électricité a baissé cet hiver 2022/2023 par rapport aux années précédentes. Cette réduction est due en partie aux efforts demandés par le gouvernement et les acteurs du réseau d’électricité pour éviter une incapacité à fournir une énergie suffisante lors des pics de consommation et donc de potentielles coupures. Pourtant, les risques étaient réels. Entre les maintenances préventives et curatives sur certaines centrales nucléaires, le contexte géopolitique mondial et le manque d’eau dans les barrages, la France s’est retrouvée avec une disponibilité basse des moyens de production électrique comparée aux hivers précédents. Ce contexte instable nécessite une plus grande flexibilité du réseau électrique pour qu’il puisse mieux absorber les pics de consommation. L’effacement tertiaire est une option pour améliorer cette flexibilité. Nous vous expliquons tout dans cet article !
Le concept d’effacement tertiaire
Le principe d’effacement…
Le principe d’effacement n’est pas nouveau, mais était jusqu’à présent principalement proposé aux industriels. Pour maintenir l’équilibre dans le réseau électrique, il est nécessaire, à tout instant, d’avoir une production égale à la consommation. Ce n’est toutefois pas toujours le cas ; le rôle de RTE (Réseau de transport d’électricité) est de justement prévoir les variations de consommation et d’adapter la production en fonction des besoins. Si les moyens de production bas carbone – photovoltaïque, éolien, hydraulique, nucléaire – ne permettent pas de répondre à la demande, le principe d’effacement consiste à demander aux consommateurs de s’effacer – c’est-à-dire de réduire leur consommation – sur une période donnée, afin d’éviter d’avoir recours à des énergies polluantes (généralement le gaz ou le charbon) pour satisfaire la demande.
…appliqué au secteur du tertiaire
D’après RTE, le secteur tertiaire représentait en 2019 environ 28% de la consommation électrique sur une journée d’hiver. Il s’agit d’un vivier important d’économies d’énergie et de flexibilité du réseau. Des solutions d’effacement se développent donc maintenant pour le tertiaire : le programme Eff’ACTE, déposé par la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies), vise ainsi à accompagner les collectivités dans leurs démarches d’effacement (cf. troisième partie de l’article).
Il est bien sûr nécessaire de prioriser les bâtiments tertiaires avec le meilleur potentiel, ayant notamment des consommations électriques importantes les jours de grand froid, des puissances souscrites élevées (hôtels de ville, EHPAD, bureaux, etc.) et présentant un fort taux d’occupation. Les locaux chauffés à l’électricité sont à prioriser, même si d’autres gisements peuvent être importants en dehors du chauffage.
Effacement tertiaire : concrètement, ça donne quoi ?
Effacement tertiaire : comment participer ?
En pratique, l’effacement tertiaire consiste à diminuer les consommations d’électricité sur les périodes de fortes demandes, maximum 25 jours signalés PP1 ou PP2 par RTE. L’entreprise qui souhaite participer à l’effacement tertiaire doit évaluer son potentiel d’effacement avant de souscrire un contrat d’effacement avec un opérateur d’effacement. Ce contrat définit un niveau de puissance et une durée d’effacement à garantir par l’entreprise lors des périodes concernées.
Effacement tertiaire : avantages et inconvénients
Souscrire un contrat d’effacement tertiaire représente de nombreux avantages pour une entreprise :
- En contrepartie, elle reçoit une prime composée d’une part fixe liée à la puissance effaçable mentionnée dans son contrat et d’une part variable calculée en fonction de la puissance réellement effacée lors de l’appel.
- La mise en place des outils de gestion de l’effacement servira à long terme à mieux piloter la consommation d’énergie du bâtiment de manière globale.
- L’effacement tertiaire est un moyen de se conformer à des réglementations existantes, comme le décret tertiaire (réduction de 40% de la consommation énergétique des bâtiments tertiaires d’ici à 2030, 50% en 2040 et 60% en 2050) ou le décret Bacs (obligation de mise en place d’un système d’automatisation et de contrôle des bâtiments d’ici à 2027 pour l’ensemble des sites ayant plus de 75 kW de puissance de CVC installée).
- Par conséquent, l’effacement tertiaire permet d’anticiper et de ne pas subir de futures réglementations plus contraignantes.
- L’impact ressenti est faible ou inexistant : l’effacement tertiaire ne doit pas être corrélé à une baisse de confort thermique. Lors de la phase initiale, un accord est établi sur la puissance réellement effaçable qui ne pénalisera pas les usagers du bâtiment, grâce à l’inertie thermique du bâtiment par exemple.
Des inconvénients existent aussi, mais sont insignifiants au regard des bénéfices déjà cités. Une baisse de confort thermique peut se ressentir, principalement en cas de surestimation de la capacité d’effacement au moment de l’audit. Le vrai frein peut être financier : l’effacement tertiaire nécessite un investissement de base en termes d’équipement et de temps d’installation. Mais il ne faut pas oublier la rentabilité, qui peut être atteinte à court terme, et l’utilisation de ces équipements sur le long terme comme indiqué précédemment.
L’appel à projets d’effacement tertiaire Eff’ACTE
Une méthodologie pragmatique
Les collectivités souhaitant participer à l’effacement tertiaire peuvent le faire en autonomie ou bénéficier d’un soutien, comme le propose l’appel à projets Eff’ACTE (qui n’est actuellement pas ouvert, mais il faut rester à l’affût des prochaines vagues).
Les lauréats se verront financer leur démarche d’effacement, notamment via la réalisation de diagnostics de potentiel. Les collectivités retenues pour la première phase sont déjà connues et doivent réaliser les diagnostics et/ou l’évaluation GoFlex avant fin 2023, selon la méthode en quatre étapes publiée par la FNCCR :
1. Réunion de cadrage et collecte des données
Cette phase primordiale permet de préciser les modalités d’intervention sur site, de définir les équipements prioritaires à étudier et de vérifier la présence des données nécessaires à la réalisation de l’étude. Elle doit être répétée pour chaque bâtiment cible différent.
2. Visite sur site
Le but est d’identifier les équipements présentant les meilleures opportunités de flexibilité et de répertorier leurs caractéristiques techniques. Pour ce faire, des mesures ponctuelles ou courts termes peuvent être réalisées afin de compléter les données fournies et d’obtenir les profils de consommation des équipements les plus justes. Ces mesures permettront aussi d’identifier de potentielles optimisations grâce au pilotage et ainsi de fournir des préconisations sur l’efficacité énergétique plus globale du site.
3. Établissement des profils d’effacement
Grâce aux données collectées sur site et aux mesures réalisées, jusqu’à trois profils d’effacement différents seront établis. Ils seront hiérarchisés en fonction des enjeux financiers et environnementaux qu’ils comportent, mais aussi des contraintes à lever et des potentiels investissements nécessaires pour les mettre en œuvre. L’intervention d’un opérateur d’effacement partenaire est possible à cette étape.
4. Plan d’action d’amélioration de la flexibilité
L’étude permet enfin de proposer un plan d’action visant à améliorer la flexibilité électrique du site, réalisé en toute connaissance des caractéristiques techniques et de la pilotabilité des différents équipements étudiés.
Effacement tertiaire : bénéficiez de l’accompagnement d’OID Consultants
Notre bureau d’études en transition environnementale, OID Consultants, est impliqué dans l’effacement tertiaire depuis ses prémices, en étant en collaboration régulière avec la FNCCR, qui accompagne ses adhérents dans l’organisation technique, administrative et financière des services publics locaux en réseau pour l’énergie, l’eau, le numérique et les déchets. À ce titre, et grâce à une solide expérience dans les audits d’effacement (et tout autre audit de sobriété), nous nous tenons à disposition des lauréats nationaux du programme Eff’ACTE pour les accompagner sur ces sujets d’ici fin 2023, et de tout autre acteur qui souhaiterait réduire sa consommation d’énergie, notamment d’électricité.
L’effacement est donc un moyen d’à la fois optimiser ses consommations d’électricité et améliorer la flexibilité du réseau électrique. L’ouverture de ces démarches à des acteurs tertiaires permet d’augmenter le gisement potentiel et donc d’atteindre plus rapidement les objectifs fixés au niveau national en termes de réduction de la consommation électrique. La méthodologie décrite dans le cahier des charges ouvre de nouvelles perspectives en matière d’effacement et les premiers résultats des lauréats Eff’ACTE vont ouvrir la voie à d’autres acteurs souhaitant s’engager.
Vous avez des questions ? N’hésitez pas à nous contacter. Nous serions ravis de vous accompagner dans vos démarches d’effacement !
À propos de OID
OID accompagne les acteurs de l’industrie, du tertiaire et de la grande distribution dans leur transition écologique et énergétique. Pour réconcilier performance industrielle et performance environnementale, l’équipe intervient de l’état des lieux à l’élaboration du plan d’action pour rationaliser votre consommation d’énergie, votre production de déchets, vos émissions de carbone et tout autre flux de matières.