Au vu de la répartition des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, tous les acteurs ont un rôle dans la décarbonation de notre société. À titre individuel, réduire la consommation de viande ou l’utilisation de la voiture et de l’avion peut être significatif. Les collectivités ont aussi un rôle non négligeable à jouer. Mais le secteur de l’industrie, qui était à l’origine de 18.6% des émissions de gaz à effet de serre en 2021 selon le Citepa, a une marge de manœuvre particulièrement importante sur toute la chaîne de fabrication. (Lire l’article “Transition environnementale de l’industrie : 13 leviers de performance”).
Les niveaux actuels d’émissions de gaz à effet de serre ne permettront pas de contenir le réchauffement climatique en dessous de 2 degrés comme le prévoient les accords de Paris. De fait, la problématique de la décarbonation prend de l’ampleur. Et tout particulièrement dans le secteur industriel, avec notamment la généralisation des bilans d’émissions de GES, aussi appelés BEGES. Mais quels sont les avantages et les enjeux de ces fameux bilans carbone® ? Les réponses dans cet article.
Le contexte de la décarbonation : une réglementation renforcée
Si le gouvernement encourage la décarbonation de l’industrie, principalement par des aides financières destinées à développer de nouvelles technologies de décarbonation, la réglementation était, jusqu’à récemment, peu contraignante sur le sujet du carbone. Les entreprises de plus de 500 salariés étaient seulement dans l’obligation d’effectuer un BEGES et de prévoir un plan d’action, tous les 4 ans, sur les scopes 1 et 2. C’est-à-dire sur les émissions émises directement par le site (dues à la combustion de gaz pour le chauffage par exemple) et sur les émissions indirectes du poste énergie (dues au fonctionnement de la centrale électrique en amont par exemple).
Depuis janvier 2023, elles doivent intégrer l’ensemble des émissions indirectes de GES significatives. L’objectif de prendre en compte plus de 80% des émissions de l’activité. Le plan d’action doit donc être beaucoup plus complet, concerner l’ensemble des postes d’émissions et contenir une explication des moyens mis en œuvre pour la réalisation de chaque action. En parallèle, les contrôles devraient être plus réguliers. Les entreprises ont ainsi une vision plus exhaustive et plus juste des émissions liées à leur activité, et doivent agir concrètement pour les réduire.
Pourquoi faire un bilan carbone® ?
Même si c’est la réglementation qui pousse le plus souvent les entreprises à effectuer un bilan GES, une fois passée cette obligation, les avantages de ce diagnostic sont nombreux.
- L’engagement environnemental est de plus en plus une demande des clients. C’est un critère de poids dans le choix du fournisseur. Une grosse partie des émissions de GES dans l’industrie étant due aux intrants, l’empreinte carbone d’un fournisseur n’est pas négligeable dans le calcul de son propre impact.
- Le volet éco-responsable peut être un critère à part entière dans les appels d’offres. Avoir fait un bilan carbone® peut donc être un facteur différenciant pour décrocher un marché.
- Le bilan GES est un bon outil pour estimer son niveau de dépendance aux matières premières pétrolières et par conséquent son niveau de vulnérabilité économique lié à la hausse des prix de l’énergie. C’est donc un sujet qu’il est bon de pouvoir anticiper.
- Le bilan GES est un diagnostic qui permet de mettre en place un plan d’action et donc d’agir concrètement. Certains industriels se montrent encore frileux à cause du coût des investissements et de l’absence de retours sur investissements financiers. De nombreuses actions sont pourtant possibles sans engager de financement, et les gains financiers existent. Ils ne sont pas tous directs, ni immédiats, mais ils sont significatifs. Lors d’une première phase, le potentiel de réduction des GES est estimé à 15% sur 5 ans. Ensuite, une fois que le processus est en route, de nouvelles actions peuvent être définies pour atteindre une baisse de 30% sur 10 ans.
- C’est un sujet motivant, qui fédère les équipes et pour lequel chacun peut s’impliquer.
Bilan gaz à effet de serre : méthodologie et accompagnement
Le terme de bilan carbone® désigne une méthodologie particulière de comptabilisation des émissions de GES, développée par l’Ademe sous une marque déposée. Mais il est utilisé comme abus de langage pour désigner tout bilan d’émissions de gaz à effet de serre. Cette méthodologie répertorie les différentes étapes à suivre pour aboutir à un diagnostic carbone complet. D’autres méthodes existent, comme le bilan à effet de serre réglementaire qui en est l’équivalent, pour les entreprises soumises à l’obligation réglementaire ou le GHG protocol qui est utilisé à échelle internationale.
Le principe du bilan de GES est le même dans tous les cas. Il s’agit pour une entreprise de collecter un certain nombre de données pour connaître l’origine de ses émissions et de les quantifier, afin d’aboutir à un plan d’action et à un objectif chiffré de réduction de GES.
Se faire accompagner dans la réalisation d’un bilan GES permet de garantir la méthode utilisée, d’être en mesure de collecter toutes les données nécessaires et de bénéficier d’un regard extérieur objectif. Certains dispositifs proposent un accompagnement plus ou moins avancé sur la phase de mise en place du plan d’action. Le “diag décarbonation”, encadré par la BPI, propose par exemple un accompagnement à l’amorçage de votre transition, pour permettre un lancement serein du plan d’action.
Un accompagnement à plus long terme est aussi possible, avec le programme ACT (Assessing low Carbon Transition) par exemple. Il peut être délivré par le bureau d’études OID Consultants. Cette méthode d’accompagnement inclut l’amorçage du plan d’action, la définition d’une stratégie de transition bas carbone pour être viable dans un monde dont la température augmenterait à 2°C, et une méthodologie de mise en pratique sectorielle. Dans un second temps, cet accompagnement permet de réévaluer la situation, les actions à mettre en œuvre et les résultats à atteindre.
De plus en plus, les demandes peuvent être spécifiques, avec la réalisation de bilan GES pour un produit par exemple. Il s’agit dans ce cas de connaître l’empreinte carbone d’un unique produit et d’étudier différents scénarios, en changeant la matière première utilisée par exemple.
L’implication des équipes est primordiale pour réussir sa transition bas carbone. OID Consultant intègre une phase de co-création pour la mise en place du plan d’action de décarbonation. Cela permet de donner la parole à tous les employés et de croiser des visions différentes et complémentaires de l’entreprise. Ce sont les personnes qui sont sur le terrain qui connaissent le mieux les processus et les moindres détails qui pourraient être améliorés. À chaque fois, les idées fusent. Les équipes sont ainsi engagées et définissent ensemble les actions à mener.
Décarbonation : aller plus loin
L’un des principaux enjeux de la décarbonation est de rendre les entreprises autonomes. Elles se sentiront ainsi capables de gérer ce sujet en interne comme une problématique quotidienne. Elles pourront effectuer les mises à jour, puisque ce sont les actions sur le long terme qui feront la différence.
Pour aller dans ce sens, OID propose des formations et peut créer des outils gérables en autonomie par le client. Les dispositifs de calculs en ligne des émissions de GES sont aussi un premier pas vers l’autonomie. Pour vous assurer de la fiabilité de la plateforme utilisée, l’ABC recense les outils conformes.
Un autre enjeu est d’aller plus loin pour s’intéresser au cycle de vie complet d’un produit, et pas seulement sur son impact carbone. Il s’agit alors d’analyser des indicateurs souvent mis de côté jusqu’à présent, comme les impacts sur la destruction de la couche d’ozone ou sur la santé. Ces analyses plus complètes permettront de réduire l’impact environnemental à plus grande échelle, comme c’est déjà le cas de manière plus généralisée sur les sujets énergie et carbone.
Sarah Grisot
Ingénieure conseil en optimisation durable chez OID Consultants
Référente carbone